Les Dorze - Guide Ethiopie - Ethiopia Traditions Travel

Les Dorze

Au cœur des montagnes luxuriantes du sud de l’Éthiopie, à environ 35 km au nord d’Arba Minch, se trouve une communauté singulière, les Dorze. Ce peuple est connu pour son mode de vie unique, ses compétences artisanales exceptionnelles et son harmonie avec l’environnement. En apprenant à connaître les Dorze, les visiteurs peuvent découvrir non seulement une culture fascinante, mais aussi une leçon précieuse sur la résilience et l’importance de préserver le patrimoine culturel.

Localisation

D’après certaines recherches, les Dorze sont originaires des hauts plateaux de Gamo dans le sud de l’Éthiopie. Ils résident dans une région montagneuse, située à l’ouest de la vallée du Rift. Plus précisément, ils occupent la bordure orientale de ces terres, surplombant le lac Abaya, à une altitude moyenne de 2740 mètres. Leur territoire, situé à environ 8 heures de route d’Addis-Abeba, comprend 12 kebeles. Ces derniers désignent des villages ou petites localités et sont répartis dans les zones de Sebeta et de Burayu. Actuellement, nombreux sont les Dorze qui se sont installés dans les hautes terres à proximité des villes d’Arba Minch et de Chencha.  

Histoire

Les Dorze font partie des nombreuses ethnies qui peuplent la vallée du Rift, une région connue pour sa diversité ethnique et culturelle. Leur langue, également appelée Dorze, appartient à la famille des langues omotiques, regroupant plusieurs idiomes parlés dans cette partie du pays.

Historiquement, les Dorze étaient réputés pour être des guerriers courageux et indépendants. Ils ont maintenu des relations complexes avec leurs voisins, alternant entre périodes de paix et de conflits. Ils entreprenaient également des échanges commerciaux avec les Konso, les Wollaita et d’autres communautés des hauts plateaux du Gamo.

En effet, les Dorze obtenaient, auprès des Konso, les éléments nécessaires à leurs rites d’initiation, tels que des plumes d’autruche et des objets en laiton représentant des symboles phalliques. Par ailleurs, ils se procuraient des bouteilles et des verres auprès des Wollaita. Ils vendaient également des produits textiles à leurs partenaires.  

Cependant, au fil des siècles, leur réputation a évolué. Actuellement, ils sont davantage reconnus pour leur contribution à l’artisanat, notamment le tissage et la construction.

Les fameuses huttes en forme de ruche

L’un des symboles les plus emblématiques de la culture Dorze est leur architecture unique. Leurs maisons traditionnelles sont conçues en forme de ruche géante. Ces huttes peuvent atteindre jusqu’à 12 mètres de hauteur. Selon la tradition, les bambous servant de structure à ces habitations sont récoltés sous la lumière de la lune. Par ailleurs, le toit de ces huttes est isolé à l’un d’un chaume composé de feuilles d’ensète ou de faux bananier, d’herbes et de tiges de bambou.

Chaque hutte est dotée d’un prolongement en forme de « nez » sur son côté sud, utilisé comme une salle de réception. L’intérieur, étonnamment spacieux par rapport à son apparence extérieure modeste, est organisé autour d’un feu ouvert au centre, pour cuisiner. Des bancs bas disposés autour du foyer servent de sièges, tandis que des espaces pour dormir et des zones de rangement sont aménagés le long des murs. Par ailleurs, un aspect notable des huttes Dorze est qu’elles comprennent aussi des enclos intégrés pour les animaux. Cela permet de mettre les bêtes à l’abri des intempéries et de prévenir les vols.

Les huttes Dorze sont construites pour durer des décennies, souvent plus de 60 à 80 ans. De plus, elles présentent une ingénieuse adaptabilité face aux attaques de termites. Lorsque ces insectes détériorent la base de la structure, les Dorze retirent la partie endommagée, soulèvent et déplacent la hutte vers un autre emplacement. Toutefois, chaque relocalisation entraîne une réduction de la hauteur de l’habitation. C’est la raison pour laquelle la hutte est initialement construite très haute. Avec le temps, malgré que les termites détruisent progressivement sa taille, la maison reste toujours fonctionnelle.  

Mode de vie

Les Dorze pratiquent une agriculture de subsistance, combinant l’élevage de chèvres, de vaches et de poulets pour leur propre consommation. En tant qu’agriculteurs, ils mettent en œuvre des techniques astucieuses comme l’aménagement de terrasses sur les flancs des montagnes afin de prévenir l’érosion des sols. Leurs champs produisent :

  • Des céréales de montagne
  • De l’orge
  • Du blé
  • Du maïs
  • De la cardamome

On peut voir autour de leurs huttes, de petits jardins qui fournissent quelques légumes, épices, fruits ainsi que du tabac.

Par ailleurs, au cœur du mode de vie agricole des Dorze se trouve l’ensète ou bananier sauvage, qui est essentiel à leur alimentation. Cette plante indigène, avec ses 38 variétés comestibles, est exploitée dans toute son intégralité. Ses racines servent de nourriture (par exemple le Kotcho ou pain plat), ses feuilles sont utilisées pour construire les huttes, et ses fibres permettent de fabriquer des cordes.

En outre, au sein du peuple Dorze, les femmes s’occupent des enfants, gèrent les tâches ménagères, préparent les repas, filent le coton et collectent le bois de chauffage. De leur côté, les hommes consacrent la majeure partie de leur temps à la gestion des champs et à la construction des huttes. Les garçons, quant à eux, sont responsables de la conduite des chèvres et du bétail à travers les prairies.

Le tissage

Le tissage est sans doute la compétence la plus célèbre des Dorze. Leur maîtrise de cet art remonte à des siècles, et leurs textiles sont prisés non seulement en Éthiopie, mais aussi au-delà des frontières. Les Dorze ont recours à des métiers à tisser traditionnels pour créer des tissus aux motifs complexes et colorés, souvent en coton. Ces étoffes aux couleurs vives sont couramment utilisées afin de produire des vêtements traditionnels, tels que les « shammas », les lourdes couvertures appelées « Bulluko » et divers accessoires.

Par ailleurs, les marchés locaux regorgent de produits issus de cet artisanat, et les visiteurs peuvent même observer les artisans à l’œuvre dans leurs ateliers. Le tissage n’est pas seulement une activité économique pour les Dorze, mais aussi une forme d’expression culturelle reflétant leur identité. De plus, ils ont acquis une renommée pour la fabrication de certains des meilleurs vêtements en coton du pays.

Croyances et religion

À l’origine, les Dorze adhéraient aux croyances traditionnelles africaines. Avant l’arrivée du christianisme dans les hauts plateaux de Gamo, ils vénéraient un Être suprême nommé Tawa. Ce dernier est considéré comme le créateur de l’univers et de tout ce qui s’y trouve. Tawa était vu comme un Dieu juste, qui punissait les méchants et récompensait les vertueux.

Les Dorze croyaient aussi profondément en les « maro », des devins considérés comme des intermédiaires entre les hommes et Tawa. Par ailleurs, ils adoraient également de nombreux esprits présents dans la nature, y compris dans les arbres, les pierres, les animaux domestiques, ainsi que dans les chants des oiseaux et les sons des hyènes.

Parallèlement à leurs croyances, les Dorze respectaient des normes sociales strictes comme le « Gome ». Il s’agit d’une violation des règles traditionnelles (Woga) qui était censée causer des malheurs tels que la perte d’animaux, les maladies, ou encore les problèmes financiers dans une famille.

En outre, au fil des siècles, notamment aux XVe et XVIe siècles, le christianisme a été introduit parmi les Dorze, avec la construction d’une église datant du XVIe siècle dans leur région. Toutefois, bien que la foi chrétienne soit arrivée plus tôt, son impact sur la culture Dorze est resté limité jusqu’à la conquête de Menelik II. De nos jours, la majorité des Dorze chrétiens appartiennent à l’Église orthodoxe éthiopienne Tewahedo, tandis que les Gamo, eux, sont principalement protestants.

Les Dorze aujourd’hui

Ces dernières années, les Dorze sont devenus une attraction majeure pour les touristes visitant le sud de l’Éthiopie. Leurs villages, comme ceux près de Chencha, proposent une immersion culturelle où les visiteurs peuvent découvrir leur artisanat, goûter à leur cuisine et participer à des activités locales. Cette interaction offre aux voyageurs une expérience authentique tout en générant des revenus pour la communauté.

De plus, la proximité de certains de leurs villages Dorze avec le lac Chamo et le parc national de Nechisar, renforce de plus en plus leur attrait. Les projets d’écotourisme, incluant des séjours chez l’habitant et des ateliers culturels ont permis de générer des bénéfices économiques pour la communauté locale, et aidé à préserver leur mode de vie distinctif.

Cependant, les Dorze font face à plusieurs défis, notamment les effets du changement climatique. La réduction des précipitations et la variabilité climatique menacent leurs cultures agricoles. Par ailleurs, l’urbanisation et la modernisation de l’Éthiopie entraînent des changements culturels qui pourraient altérer certaines de leurs pratiques ancestrales.

Néanmoins, la communauté Dorze reste active dans la préservation de son identité. Grâce à des initiatives locales et internationales, des efforts sont en cours pour :

  • Promouvoir l’agriculture durable
  • Sauvegarder leur artisanat
    Sensibiliser aux impacts du changement climatique.
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